techniques de production

Fertilisation des sols

Avec la hausse du prix des engrais minéraux et des énergies fossiles, les exploitants.es agricoles peinent de plus en plus à assumer les coûts de la fertilisation des cultures. La production des engrais, qu'elle soit chimique, de synthèse ou par l'exploitation de gisement, entraîne une raréfaction des matières premières et génère des émissions polluantes portant atteintes à l'environnement. De plus, l'augmentation du nombre d'exploitations certifiées Bio induit aujourd'hui une demande et des besoins plus importants en fertilisants organiques Bio. Dans ce contexte, il semble pertinent de penser en termes de circuits courts et d'utiliser des engrais organiques. Le premier implique le concept d'économie circulaire et le second, le recyclage de la matière organique.

À Genève, des projets allant dans ce sens verront le jour tout prochainement grâce à des entreprises qui valorisent par exemple les déchets de jardins et les déchets organiques ménagers pour fabriquer du compost ; qui récupèrent l'urée dans les eaux usées pour produire de l'engrais azoté.

Pôlebio

Pôlebio est un projet qui repose avant tout sur un constat : aujourd’hui, à peine la moitié des déchets organiques du canton de Genève sont valorisés. L’objectif du canton, notamment grâce à la généralisation de la P’tite poubelle verte puis l'obligation du tri à la source prévu dans le projet de loi de gestion des déchets est de capter une partie, voire la totalité de ces déchets organiques non valorisés, pour les transformer et leur donner une seconde vie.

Faisant partie intégrante du Plan directeur de l’Énergie 2030 pour la valorisation de la biomasse, le projet Pôlebio répond également à l’ambition cantonale du Plan de Gestion des Déchets 2020 – 2025 d’augmenter la valorisation des déchets organiques et de réduire les volumes de déchets urbains incinérés. À titre d'exemple, en 2020, 45'000 tonnes de déchets organiques ont fini dans les fours de l’usine des Cheneviers. L’objectif du canton est de réduire de moitié ce tonnage à l’horizon 2026.

A cette fin, le site Pôlebio pourra prochainement accueillir, transformer et valoriser près de 48'000 tonnes de déchets organiques par an. Chaque année, la valorisation de ces déchets organiques permettra de produire, en plus du biométhane, environ 20'000 m3 de biofertilisant et 12'000 tonnes de compost avec comme but l'obtention des certifications Bio Suisse et Genève Région – Terre Avenir.

Pôlebio a pour vocation de soutenir une économie circulaire locale pour accompagner le monde agricole dans l’évolution des pratiques en remplaçant une partie des engrais de synthèse, produits à partir de ressources fossiles, par des biofertilisants issus du vivant. Grâce à cette nouvelle installation, les agriculteurs.trices genevois.es disposeront alors d’intrants de qualité normés nécessaires pour leurs cultures tout en minimisant leur impact sur le climat et l’environnement. Pour les producteurs.trices mais aussi pour les citadins.nes, Pôlebio est un outil qui permet de construire ensemble la résilience du territoire et de s'adapter au changement climatique.

schema Polebio

Projet Pitribon

Les problématiques liées à l’assainissement des eaux usées ont un impact important sur des besoins essentiels tels que la santé, l’alimentation ou l’accès à l’eau potable. En Suisse, la mise en place de systèmes d’assainissement centralisés (réseaux d’égouts et stations d’épuration) a permis de grandes avancées en matière de santé publique et de protection de l’environnement. Ce système commence toutefois à montrer ses limites face aux problématiques environnementales actuelles telles que le changement climatique, l'accumulation de micropolluants ou encore la consommation de ressources non renouvelables. De plus, l’agriculture suisse est très dépendante des importations d’engrais de synthèses, là encore, consommateurs de ressources non renouvelables et fortement émettrices de gaz à effet de serre ; alors que nous relâchons dans nos eaux usées chaque jour d’importantes quantités de nutriments au pouvoir fertilisant. Il devient donc impératif de repenser le modèle actuel de gestion linéaire des eaux usées qui a complètement déconnecté l’humain et ses excréments des cycles naturels de l’eau et des nutriments. C’est dans cette optique que l’association aneco a été fondée, avec la volonté de valoriser les ressources présentes dans les eaux usées.

En particulier, aneco favorise l’utilisation de toilettes séparatives permettant de dissocier les flux d’urine des matières fécales. En effet, les urines peuvent facilement être valorisées en engrais lorsqu’elles ne sont pas mélangées aux restes des eaux usées.

Actuellement, le développement d'une solution low-tech pour le traitement des urines est en cours : le Pitribon. Cet engrais est produit par stabilisation de l’urine sur un filtre aéré sur charbon végétal abritant un écosystème microbien. Ces bactéries aérobies ont la capacité de nitrifier l’azote de l’urine et de créer un engrais complet et inodore. La capacité du filtre à retenir et dégrader les composés chimiques présents dans les urines ainsi que l’effet du Pitribon sur les sols et les rendements agricoles seront étudiés à travers un projet transverse entre aneco et l’hepia (Haute école d’architecture, d’ingénierie et de paysage). L’objectif de ce projet d’envergure est d’élaborer des recommandations d’utilisation du Pitribon en vue de son homologation et de son utilisation à grande échelle en agriculture comme substitut aux engrais de synthèses.

À ce jour, deux immeubles de la coopérative d'habitation Équilibre à Cressy et dans l'écoquartier des Vergers à Meyrin sont équipés d’une production de Pitribon destiné à l'usage privé. À moyen terme et à l’échelle genevoise, sept projets sont en cours de développement pour un total d’environ 1’500 habitants produisant du Pitribon d’ici à 2027. Cela représenterait de quoi fertiliser une surface agricole entre 35 et 55 hectares.

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Illustrations : © Simone Kaspar de Pont

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