Variétés anciennes

Genève cultive son blé ancien

Le blé ancien fait son retour sur Genève, autrefois présent jusqu'à fin du XIXe siècle. Il y avait de multiples variétés locales de blés dans le pays. La sélection était faite directement par les paysans.annes. 

Historique

Depuis le milieu du XXe siècle, les paysans.annes ont été encouragés à acheter des semences certifiées par l’État pour garantir l’approvisionnement de l’industrie alimentaire du pays en farines à de forte teneur en gluten. S’ensuivi alors un appauvrissement du nombre de variétés anciennes cultivées à travers le pays, tandis que l’offre des variétés modernes augmentait. 
 

Aujourd'hui, dans le souci de produire durablement en relation avec la nature, certains producteurs, comme La Ferme à Roulettes font le choix des anciennes variétés de blés pour favoriser une diversité génétique et alimentaire.
 

En plus d’une forte capacité d'adaptation que permettent ces variétés anciennes, une culture en mélange offre une sécurité vis-à-vis des maladies et des ravageurs, tout en favorisant la biodiversité. 
 

C'est ainsi qu'à La Ferme à Roulettes, une quarantaine d'anciennes variétés de blés sont multipliées et acclimatées : des blés poulards, des épeautres, des amidonniers et divers blés tendres (source: www.lafermearoulettes.ch).

 

collection de blés
Collection de blés divers anciens, photo : © Laurent Burgisser, 05.06.17.
 

Avec bientôt 10 ans d’observations, certaines variétés semblent montrer des aptitudes intéressantes comme la résistance à la sécheresse, aux maladies ou encore des propriétés allélopathiques.

L'allélopathie : qu'est ce que c'est ?

L’allélopathie est l’ensemble des interactions biochimiques réalisées par les plantes entre elles, ou avec des microorganismes. En agriculture, l’allélopathie est particulièrement intéressante car elle permet de limiter les interventions de désherbage, de par son effet inhibiteur sur la germination et la croissance des adventices, et jouerait aussi un rôle dans la lutte contre les ravageurs.

blés anciens
Blé d'Himalaya, photo : © Laurent Burgisser, 05.05.17
 

Agroécologie et « agriculture naturelle »

Pour cultiver ses céréales, La Ferme à Roulettes suit une agriculture biologique, mais également une agriculture sans intrants ni amendements extérieurs (même biologiques), elle est également exempte de tout traitement (même biologique). 


Ces méthodes agroécologiques peuvent être qualifiées comme étant l’une des nombreuses variantes de l’« agriculture naturelle ». La Ferme à Roulettes possède également une vision botanique de l’agriculture. Le fait d’arrêter les intrants et les engrais a fait revenir dans ses champs un bon nombre de ces plantes accompagnatrices des cultures, les messicoles, aujourd’hui rares et/ou menacées.
 

Dans le cadre de la réduction des risques de l'utilisation de produits phytosanitaires, et dans un objectif de recherche et développement, une étude est menée pour trouver des solutions alternatives aux traitements herbicides. L'allélopathie suscite donc un intérêt sur le plan agronomique.

Étude sur l'allélopathie des blés anciens en « agriculture naturelle »

L'étude, qui est à la fois réalisée en plein champ et en laboratoire, a pour objectif de démontrer le phénomène d’allélopathie sur des variétés anciennes de blé, mais également de connaître celles qui montrent le plus de propriétés allélopathiques.


Un méteil est un mélange de céréales semé en même temps. À la fin de l’étude, il devrait être possible de proposer le méteil qui comprendrait les variétés anciennes les plus allélopathiques possibles et qui serait acclimaté à notre région et ne nécessiterait pas d’engrais, pour un rendement honorable ; tout en ayant une haute qualité boulangère.


Pour cette étude, les variétés de blés utilisées sont du genre Triticum qui comprend les blés tendres, les blés durs, les engrains, les amidonniers et les poulards. Plus précisément, les variétés testées seraient : runal (blé moderne pour la comparaison), Rouge Bordeaux (un blé français déjà attesté à Genève en 1791), Otzka Metzneja (une variété ancienne de blé russe), une Bladette de Provence et un engrain de Bulgarie. Toutes ces variétés ont été multipliées et acclimatées à La Ferme à Roulettes.


Parallèlement à cette étude en plein champ, une étude en laboratoire est lancée pour adapter une méthode rapide de test d’allélopathie et ainsi corréler les résultats entre les deux études. 
 

blé ancien OstkaBlé rouge de bordeaux
Blé ancien Otzka Metzneja et Blé Rouge Bordeaux, photos : © Laurent Burgisser, 13.07.17 

De plus, la présence de messicoles rares et/ou menacées sera identifiée et suivie dans les champs ensemencés. Ces plantes sont en effet en voie de disparition et une agriculture naturelle, donc sans intrant ni engrais, permet de les sauvegarder.

Messicoles - illustrations

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Bromus hordeaceus                                    Centaurea cyanus         - photos : © Florian Mombrial

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Kickxia spuria                                         Papaver rhoeas          - photos : © Patrice Prunier

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Lathyrus hirsutus                                                  Legousia speculum veneris photos : © OCAN  

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Scandix pecten veneris - photo : © Jonas Duvoisin

Ressources

DELABAYS, N,  J. WIRTH, C. BOHREN, G. MERMILLOD et J.-P. de JOFFREY. 2009. L’allélopathie : un phénomène controversé, mais prometteur. Revue suisse Agric. 41 (6): 313-319, 2009

POUSSET, J. 2015. Traité d’agroécologie. Pour une agriculture naturelle. France agricole.

DELABAYS, N. & C. BOHREN. 14.12.2005. L’allélopathie et son utilisation en agriculture biologique. Agroscope-Changins, Journée technique de l’agriculture biologique, Avenches.

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